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Les entreprises du patrimoine vivant, les EPV, s'inquiètent de la possible disparition du label

Publié le 13 janvier 2025 à 11:00 par Magazine En-Contact
Les entreprises du patrimoine vivant, les EPV, s'inquiètent de la possible disparition du label

SGS, le nouvel organisme certificateur, attendrait la transmission des dossiers par l’ISFF, l’Institut pour les savoir-faire Français. En sus, aucun budget concernant la promotion du label n’a pu être voté. 14,2 milliards de CA sont en jeu, généré par 1350 entreprises. A Notre Dame de Paris, on a pu constater leur talent dans le chantier de rénovation.   

Depuis 2005, le label "Entreprise du Patrimoine Vivant" (EPV) valorise les entreprises françaises possédant des savoir-faire industriels et artisanaux d’excellence. Ce label, attribué à plus de 1 350 entreprises, dont 69 % sont des PME, symbolise un gage de qualité et une reconnaissance émanant de l’État. Les entreprises labellisées génèrent 14,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et représentent près de 59 000 emplois. Elles se distinguent par leur savoir-faire ancestral, leur ancrage local et une approche souvent écoresponsable, offrant ainsi un rayonnement à l’international.

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Cependant, le label traverse une période de turbulences. Le projet initial de loi de finances pour 2025 ne prévoyait pas de budget pour sa gestion et promotion, qui était pourtant estimé à un million d’euros. Cet état de fait a suscité des inquiétudes et provoqué la mobilisation des acteurs concernés. Benjamin Legourd, co-fondateur de l’Atelier Particulier, a notamment lancé une pétition intitulée "Sauvons le label" afin d’alerter les décideurs publics.

De surcroît, le changement de certificateur en avril 2024, passant de l’Institut des Savoir-faire Français (ISFF) à l’entreprise SGS, a entraîné des dysfonctionnements. Certaines entreprises en cours de labellisation font face à des retards importants, notamment celles ayant réglé leur redevance mais dont l’audit n’a pas encore été instruit. SGS souligne que des dossiers n’ont pas encore été complètement transmis par l’ancien gestionnaire, ce qui complique les procédures. En conséquence, environ 150 entreprises attendraient le renouvellement de leur label.

Malgré ces défis, le label EPV conserve un fort attachement de la part des entrepreneurs. Tristan de Witte, président du Réseau Excellence, reste optimiste quant à l’avenir du label, mais souligne la nécessité de renforcer sa notoriété et sa reconnaissance. D'autres, comme Honoré Durand, dirigeant de la coutellerie Laguiole-Honoré-Durand, expriment des craintes quant à une éventuelle perte de qualité et d’exigence dans l’attribution du label.

Anne-Sophie Duroyon-Chavanne, directrice générale de l’ISFF

En parallèle, l’ISFF, fragilisé par la perte de cette mission, a dû se placer sous procédure de sauvegarde afin d’éviter la liquidation. Anne-Sophie Duroyon-Chavanne, directrice générale de l’ISFF, souligne l’absence de visibilité budgétaire et l’inquiétude concernant l’accompagnement des métiers d’art. Joint par nos soins, l'ISFF ne propose qu'un service de renseignement par téléphone. 

Le label EPV en pratique
Obtention : Toute entreprise immatriculée au Registre du commerce et des sociétés (RCS) ou au Répertoire des métiers (RM) peut candidater, sous réserve de remplir des critères spécifiques liés au patrimoine économique, à un savoir-faire rare et à la maîtrise de techniques traditionnelles ou innovantes.
Renouvellement : Le label est attribué pour une durée de cinq ans et requiert une nouvelle demande à son échéance.
Avantages : Les entreprises labellisées bénéficient d’un crédit d’impôt "métiers d’art", évalué à 10 % des dépenses éligibles, pouvant aller jusqu'à 15 % pour les entreprises labellisées EPV. Le crédit d’impôt est plafonné à 30 000 euros par an.
Coût : La redevance d’obtention varie selon le chiffre d'affaires : 975 euros HT pour les entreprises ayant un chiffre d'affaires inférieur ou égal à 500 000 euros, et 1 950 euros HT au-delà.

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