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La bourde à 150 emplois de François Hollande

Publié le 01 avril 2015 à 23:28 par Magazine En-Contact
La bourde à 150 emplois de François Hollande

leParisien

En annonçant vendredi la création d’un centre d’appels à Metz au profit des ex-salariés d’Ecomouv’, le chef de l’Etat a enfreint les règles des marchés publics.

Daniel Rosenweg, le 01 Avril 2015, Le Parisien

François Hollande a-t-il trop parlé ? C’était vendredi dernier, avant-veille du second tour des élections départementales. Le président de la République rend visite aux ouvriers de PSA près de Metz, à quelques kilomètres des bureaux de feu Ecomouv’, la société qui avait pour unique mission de collecter l’écotaxe.
En cette période de refroidissement électoral, le chef de l’Etat n’est pas venu les mains vides. En marge de sa visite, François Hollande fait une annonce qui pourrait… faire capoter un projet créateur d’emplois.
Devant micros et caméras, il annonce pour compenser la disparition d’Ecomouv’ la création de « 100 à 150 emplois » sur une « plate-forme que Pôle emploi va mettre en place ». Le lieu est précisé : « Ce sera sur le site d’Ecomouv’, installé dans l’ancienne basé aérienne 128, près de Metz », a précisé le chef de l’Etat. Après lui, le président de la communauté d’agglomération, l’UDI Jean-Luc Bohl, croit pouvoir détailler : « Cette plate-forme sera opérée par le groupe Arvato qui se chargera de recruter en priorité des anciens salariés d’Ecomouv’. » De quoi remonter le moral dans une région marquée par le chômage.

Les entreprises non retenues pourraient faire annuler la procédure

Problème : l’appel d’offres ouvert lancé par Pôle emploi concernant des « prestations d’appui à distance, centré sur le traitement des demandes d’inscriptions des demandeurs d’emploi », selon le site des marchés publics de Pôle emploi que nous avons consulté, ne prenait fin que le « 30/3/2015 à 12 heures ». Soit trois jours après l’annonce présidentielle. De quoi casser l’appel d’offres, de quoi aussi soupçonner un délit de favoritisme.
C’est le site En-contact.com, spécialiste des centres d’appels, qui a le premier levé le lièvre. « Comment peut-on connaître la réponse à un appel d’offres émis par Pôle emploi dont le délai de réponse s’achève le lundi 30 mars 2015 ? » s’interroge le rédacteur en chef, Manuel Jacquinet.

« C’est un couac », estime Maxime Didier, président du Syndicat professionnel des centres de contact, SP2C, qui réunit les dix premières sociétés de plates-formes d’appels. Pourquoi un couac ? Parce que conformément à la réglementation sur les marchés publics — très stricte — tant que l’appel d’offres n’est pas clos, toute société peut postuler et, bien sûr, aucune décision ne peut être prise. Ici, on fait plus que flirter avec le favoritisme puisque la société lauréate est déja connue : Arvato, filiale de l’allemand Bertelsmann, installée à… Metz. « Répondre à un marché public a un coût élevé, explique le président du SP2C, c’est un poste à temps plein pendant trois à six mois. » Un préjudice donc pour les candidats, qui pourraient se considérer trompés.

« Notre syndicat travaille à faire des recommandations de bonnes pratiques sur les marchés publics », explique Maxime Didier. Sa société, B2S, a répondu à l’appel d’offres de Pôle emploi mais il refuse de commenter la gaffe présidentielle sous cette casquette.

Reste la procédure. Entachée d’irrégularités, elle risque d’être contestée par les candidats. Sollicité hier, Pôle emploi n’a pas donné suite à nos interrogations.

 

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