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Au fin fond de l’Alabama, vos bagages perdus… ne le sont pas pour tout le monde

Publié le 20 juillet 2017 à 09:13 par Magazine En-Contact
Au fin fond de l’Alabama, vos bagages perdus… ne le sont pas pour tout le monde

Plus fort que LeBonCoin, une entreprise Américaine est devenue le spécialiste de la vente et revente des bagages perdus et de leurs contenus. C’est bien connu : aux Etats-Unis, rien ne se perd, rien ne se crée… tout se revend. Pierre Tubiana, dans son article du 09 février 2015 du Figaro, fait découvrir un lieu étonnant : dans une bourgade de l’Alabama, aux Etats-Unis, un immense centre commercial vend… tous les bagages perdus et non réclamés par les voyageurs des compagnies aériennes du monde entier. Le vide-grenier (ou vide-soutes, plus exactement) ultime, où on ne sait jamais ce qu’on va trouver…

Où finissent nos bagages perdus ? Vendus en Alabama !
Une famille d’Américains rachète les bagages perdus et revend des milliers de vêtements, ordinateurs, brosses à dents dans un immense centre commercial aux Etats-Unis. Reportage dans ce lieu unique.
Le bâtiment ressemble à n’importe quel édifice public américain. À l’entrée, arbustes et drapeaux font office de décorations, face au parking où une centaine de véhicules peuvent se garer. Pourtant, les murs de pierres grises cachent un lieu unique au monde. Un lieu où il est possible, entre autres, d’acheter une guitare, un fauteuil roulant, des vêtements ou encore une réplique d’armure du Moyen-Âge. Bienvenue au Unclaimed baggage Center. (ndlr: le centre des bagages non réclamés, en français)
Située dans la petite ville de Scottsboro, au nord de l’Alabama (États-Unis), cette entreprise familiale rachète, depuis plus de 35 ans, les bagages perdus par les passagers auprès des compagnies aériennes. Mais, loin d’être une usine de recyclage pour valises orphelines, c’est avant tout un centre commercial de 4 600 m². Son concept: vous ne savez jamais ce que vous trouverez.
Cela dépend des valises récupérées. Plus de 7 000 nouveaux objets sont, chaque jour, acheminés et triés dans une pièce réservée, au point que le centre est devenu la plus grande laverie de l’État avec presque 20 000 vêtements nettoyés chaque jour. La majeure partie finit dans les rayons du magasin et le reste est détruit ou distribué à des associations partenaires.
Achetés une bouchée de pain, ces objets sont ensuite mis en vente à des prix entre 20 et 80% inférieurs à ceux du marché. Une offre attractive pour les chercheurs de trésors et les curieux de passage, à la recherche de la bonne affaire. Et ces derniers sont nombreux semble-t-il, puisque le centre est aujourd’hui une des principales attractions touristiques de l’Alabama, avec presque un million de visiteurs par an.

Une caméra de la Nasa livrée par erreur
Parmi les 1% de bagages qui restent orphelins, les trouvailles sont nombreuses. Comme ce système de guidage de missiles avec sa petite plaque préventive: «À transporter avec la plus extrême vigilance. Je vaux mon poids en or». Retrouvé par un des salariés, il a très vite été retourné à son propriétaire distrait: l’armée américaine !
De même, une caméra de la Nasa, destinée à équiper un satellite, a été perdue dans un aéroport et envoyée par erreur au centre. L’agence spatiale a pu également récupérer sans dommage son appareil. Dans la liste des objets insolites, les cendres d’une personne décédée ont aussi été retrouvées dans un bagage. Elles n’ont pas été réclamées, ni mises en vente.

Une affaire de famille
Les origines de cette entreprise remontent aux années 70. Doyle Owens, un commerçant dans l’âme, emprunte 300 dollars à la banque et un pickup pour vendre le premier chargement de valises perdues, racheté à un transporteur de la région. Le succès est immédiat.
Conforté dans son projet, il étend ses connexions avec des compagnies aériennes, trop heureuses de se débarrasser de ces encombrants objets. Avec l’aide de sa femme, Sue, et de ses deux enfants, l’entreprise va continuer à croître pendant des années et ouvrir son approvisionnement à d’autres sociétés de transports comme le train ou le bus. Après la mort de Doyle Owens, ses enfants ont repris le flambeau avec toujours autant de succès.

Pour s’y rendre:
Unclaimed baggage Center: 509 West Willow Street, Scottsboro, Alabama, États-Unis. Tel: +1 256 259 1525 www.unclaimedbaggage.com
Ouverture du lundi au vendredi de 9h à 18h et le samedi de 8h à 19h. Fermé le dimanche, pour Thanksgiving et le 25 décembre.

Par Pierre Tubiana,
le Figaro du 09 février 2015

Le commentaire d’En-Contact : Nous avions contacté à l’époque UnclaimedBaggage.com, afin de compléter cette enquête… La réponse à cette demande d’interview n’a pas tardé comme dans quantité de sociétés américaines, qui apprécient la communication à sens unique* : (No Way, “même pas en rêve”) comme dirait ma fille, en clair, nous ne sommes ni le New York Times, ni Oprah Winfrey qui ont eu le plaisir de faire des émissions ou des articles sur cette compagnie. Peut-être une bonne idée de startup pour quelques brillants étudiants d’HEC ou d’anciens stagiaires de site de brocante en ligne ? Découvrez cependant dans l’article qui suit une autre face du rêve Américain grâce à l’interview de Iain Levison. Et si vous passez dans l’Alabama, arrêtez-vous sur place et réécoutez dans la voiture le mémorable morceau du Loner (Neil Young) Alabama.

* Les journalistes, c’est fait pour relayer les communiqués de presse, pas pour poser des questions ?

L’article : « Les pauvres gens que je connais, dont je parle dans mes romans, sont drôles, forts et font preuve de résilience »

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