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Farang, loin des yeux près du cœur

Publié le 11 juillet 2023 à 14:55 par Magazine En-Contact
Farang, loin des yeux près du cœur

Comme un parfum de nostalgie. La tendance vestimentaire est au Y2K - le passage à l’an 2000 – il n’y a donc rien de surprenant à constater dans les salles obscures, le retour de séries B qui fleurent bon l’époque. Aurait-on tort d’être nostalgique ? Farang de Xavier Gens prouve que non, sauf pour ce qui est des prix pratiqués pour la Fête du Cinéma. 

Luc Besson, les productions EuropaCorp et leurs scénarios délibérément chétifs possèdent leur lot de détracteurs, surtout en France : ils n’en ont pas moins permis à un véritable savoir-faire local de s’exercer, dans le domaine du film d’action, avant qu’il ne s’exporte à Hollywood. Tournant des années 2000 donc : sortie de Yamakasi (2001) qui contribue à populariser le parkour, discipline acrobatique made in banlieue française qui bientôt envahira les écrans du monde entier de Casino Royale à Assassin’s Creed

Nassim Lyes dans Farang

Xavier Gens, est, avec Louis Leterrier, Olivier Megaton, Pierre Morel, l’un de ces réalisateurs couvés par Besson. A la différence de ces derniers, il ne s’est pas illustré sur l’une des deux grandes franchises maisons que sont Le Transporteur ou Taken. Farang, que d’aucuns jugeront vu et revu, opère, pour les amateurs du cinéma de série B tel qu’il a fleuri et prospéré dans le courant des années 90, un retour aux sources réussi. Inspiré par l’inventivité décomplexée hong-kongaise et l’efficacité américaine, le film de série B faisait souvent l’économie d’une sortie en salles, alimentant les rayons de feux les magasins de location de cassettes et de DVDs – c’est ce qu’on appelait les DTV, direct-to-video. Les films avec Jean-Claude Van Damme en constituaient, selon les arrivages, la synthèse plus ou moins réussie. 

Farang - le terme par lequel on désigne un étranger européen en Thaïlande - réunit des éléments familiers même pour qui n’a jamais mis les pieds dans le pays : combats de boxe thaï (volontiers truqués), nature verdoyante, maisons sur pilotis non loin de plages paradisiaques, vie nocturne débridée voire plus, mais arrive à en présenter une vision fraîche, séduisante pour les yeux – comme lors de cette courte balade à travers Bangkok et ses  innombrables options pour manger sur le pouce. Ainsi ne tiendra-t-on pas rigueur au film de sa longue exposition de plus de quarante minutes ; au contraire même. 

A l’inverse du quatrième volet de John Wick, souvent interminable, Xavier Gens fait le choix de la brièveté dans les scènes d’action et de combats. Olivier Gourmet incarne un méchant délicieusement véreux. Nassim Lyes, aux faux airs de Brahim Asloum, jusque-là cantonné à des seconds rôles, démontre qu’il a la carrure pour endosser le rôle d’une star de film d’action, fût-il de série B. Souhaitons-lui que nous ne soyons pas les seuls à l’avoir remarqué. Il est en effet parfois difficile d’être prophète dans son pays : si Besson avait dû prêter attention à ses détracteurs, le succès international de Taken aurait-il jamais vu le jour ? 

La salle : UGC Ciné Cité Paris 19, 166 boulevard MacDonald

On aurait voulu voir Omar La Fraise au Mk2 quai de Loire mais on s’est fait refouler à l’entrée... pour cause de retard. Les employés, inflexibles, nous auront appris que c’est là une politique propre à MK2 : ne pas faire rentrer les retardataires. On trouve le parti-pris étrange. 

Omar La Fraise a été réalisé par Elias Belkeddar, qui avait tourné un clip pour DJ Snake à Climats de France à Alger. Hier, DJ Snake enflammait le McDo des Champs Élysées avec un dj set. A défaut d’avoir pu ou voulu nous y rendre, direction donc boulevard MacDonald pour la première fois de notre existence, à l’UGC Ciné Cité Paris 19. L’immense multiplex va bientôt fêter ses dix ans. Il fait face au centre commercial le Parks, né en 2016, qui abrite la bagatelle d’un Leclerc, d’un Leroy-Merlin, d’un Décathlon, et d’un Action (la star du discount néerlandais où vous trouverez, pour un peu plus de huit euros,  un plaid qui ravira vos chats). 

Chez UGC, il convient désormais de choisir sa place. Nous sommes peut-être cinq spectateurs à cette séance de 12h45, le choix ne revêt donc rien de crucial. Un escalator un peu vertigineux mène à la salle 11, où la séance doit se tenir. On a apprécié l’usage du son 5.1 fait pour le film de Xavier Gens, volontiers tellurique, en évoquant le son des transports en commun parisiens ou d’un crâne qu’on écrase contre le sol, ainsi que la qualité de l’image (4K). 

Multiplex oblige, l’UGC propose une majorité de films grand-publics qui ne nous attirent pas forcément mais on a la bonne surprise de voir qu’il programme également des avant-premières qui jurent avec sa ligne éditoriale, ou des reprises ponctuelles, comme des Scorsese ou autre, lors de séances baptisées "UGC Culte". On peut y voir Par coïncidence, le film semble débuter dans ces logements qu’on élève à proximité, entre Rosa Parks et Porte de La Chapelle, dont la presse a pu dire que, HLM ou non, ils avaient du mal à trouver preneur.

Benoit Hocquet

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