De l’expérience client… en Amérique: le doggy bag
A chaque édition, le cabinet Pagamon met en lumière une (best) practice Expérience Client MADE IN USA !
N°2 : LE DOGGY BAG… ou quand le chien a bon dos !
Le concept
Le concept de doggy bag consiste à emporter chez soi les restes de nourriture non consommée au restaurant dans des sacs ou emballages dédiés. A l’origine, ces restes étaient destinés à être donnés au chien de la maison, d’où son nom !
Les origines
Si dès l’Antiquité, les Romains avaient déjà pour habitude d’envelopper les restes de leurs festins dans des mouchoirs pour les conserver et les consommer plus tard, le doggy bag est vraiment né aux États-Unis, dans les années 40, dans un contexte de lutte contre le gaspillage, conséquence indirecte des privations de la guerre. Selon Jane Stern, c’est Dan Stampler, le propriétaire d’un Steak Joint sur Greenwich Avenue à New York, qui en serait « l’inventeur » en 1946 : pour ne pas gêner ses clients soucieux de leur budget, il leur proposait de ramener chez eux « pour le chien » ce qu’ils n’avaient pas mangé, et conçut un sac à l’effigie de son terrier écossais. On trouve d’autres pionniers dans les hôtels et restaurants de Seattle sur la côte Ouest.
Le développement
L’excuse du chien s’est bien vite effacée, et le doggy bag est devenu un droit du client, qui paye pour un produit qui de facto lui appartient dans son intégralité. La pratique s’est amplifiée dans tout le pays, en même temps que la taille des portions servies, parfois gargantuesques ! 80 % des clients de la chaîne The Cheesecake Factory repartiraient avec un sac ! Le doggy bag est alors devenu un support clé de street marketing pour les restaurants qui communiquent sur le « Too Good To Waste » et les clients deviennent alors des hommes-sandwichs ambulants : j’y suis allé, j’ai gouté, j’ai aimé, j’ai emporté !
Commun en Asie ou au Moyen-Orient, où les portions sont aussi généreuses, le doggy bag est tout simplement interdit en Australie pour des raisons de sécurité alimentaire. En France, la pratique reste quasi anecdotique malgré les plans de lutte anti-gaspillage de 2010 incitant les restaurants à proposer le service, les nombreuses initiatives y compris d’étoilés et les appellations variées : « gourmet bag » « box anti-gaspi »… Selon Denis Courtade, directeur de salle au Plaza Athénée « en France, les assiettes sont généralement moins fournies et travaillées de façon plus individuelles (…) De plus, on apprend très tôt aux enfants à finir leurs assiettes ». Le restaurant est lié à la gastronomie et donc plus à l’expérience culturelle !
Pour aller plus loin
Lexicon of real American food, par Jane et Michel Stern.
A lire aussi la série en 6 saisons Doggy Bag, de Philippe Djian chez Julliard !
Par Ophélie Dejarnac et Brice Rabourdin