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« On a tout construit, aménagé de A à Z et ça a donné le Casanova Studio »

Publié le 30 novembre 2021 à 10:57 par Magazine En-Contact
« On a tout construit, aménagé de A à Z et ça a donné le Casanova Studio »

Au Perreux-sur-Marne, deuxième partie des années 70, dans un pavillon en meulière, un trio bien assorti aménage l’antre où sera enregistré Rockollection, édité par Lorgere Music. Au départ, c’est la nécessité de loger une console en cours de construction, imaginée par Michel Antin, qui va décider à accélérer la transformation du pavillon. Une affaire de fous du son, de famille également.

L’un des morceaux les plus célèbres de la variété française des années 80 et qui s’est également le mieux vendu, Rockollection (Laurent Voulzy), fût enregistré dans un petit studio, aujourd’hui disparu, du Perreux-sur-Marne. La rue Danielle Casanova a donné son nom à ce studio où le fidèle complice de Souchon prit son temps et sollicita les élèves de l’école locale pour les chœurs du morceau. Alain Muraccioli, qui officie dans la musique à l’époque, plutôt dans la partie technique et la scène (il sonorise les concerts de Julien Clerc, de Claude François) y crée avec deux autres passionnés de musique, dont le bassiste Jean-Bernard Raiteux et Michel Antin, un studio où « l’on pourrait voir l’air et le ciel. Quand tant d’autres sont enterrés. »
Entretiens avec Laetitia Raiteux, fille de Jean-Bernard Raiteux et Alain Muraccioli, associé à l’époque.

Manuel Jacquinet : Alain Muraccioli, vous êtes à l’origine, avec vos compères, du discret Casanova Studio qui apparaît sur quelques pochettes qui se sont… plutôt bien écoulées. Qui mérite donc que soit racontée son histoire, brève mais remarquable.
Alain Muraccioli : Je travaillais à l’époque dans la musique mais plutôt pour les concerts et la musique live et j’ai eu l’occasion un jour d’acheter, dans la rue Danielle Casanova au Perreux-sur-Marne, un pavillon en meulière ; que je n’ai jamais habité. Dans mon esprit, c’était un placement dont je ne savais pas trop ce que je ferai. Mais un jour, avec Jean Bernard que je connaissais puisque nous sommes des amis d’enfance, depuis l’école, on s’est dit que ce serait bien d’avoir notre propre studio, où nous pourrions enregistrer et surtout, voir la lumière du jour. Alors, sans réfléchir plus que ça, nous nous sommes lancés dans la création d’un studio, avec nos moyens, qui étaient limités, le tout déclenché par la nécessité d’héberger rapidement une console en construction, celle du 3e larron. On y a tout fait, fabriqué et installé tout seuls, y compris les menuiseries pour créer les fenêtres, avec du matériel de récupération ; on a testé la création d’une réverbération et d’une chambre d’écho, tout d’abord avec une citerne récupérée et qu’on s’était fait livrer, puis avec la construction d’un abri enterré, en parpaings mais c’était décevant. On a vraiment tout confectionné sur la base des connaissances que lui et moi avions de ce qui était nécessaire : on a soutenu la maison par des poteaux en béton, coulé une dalle flottante et on y a mis beaucoup d’argent. Mais l’apport du 3e larron et associé, Michel Antin, fût essentiel. Il travaillait au Studio Davout et avait entamé la construction d’une console qui lui a demandé plus d’un an de travail et il cherchait un endroit pour en achever la construction. Elle pouvait sembler rudimentaire au regard du matériel dont disposaient les grands studios mais elle était tout de même équipée de potentiomètres de haut niveau, des Penny & Giles. Je crois me rappeler que Jean-Marie Géraud, un spécialiste, l’a aidé à l’époque dans ce projet.
C’est le rapatriement chez moi de cette console qui provoque la création du studio et notre désir à tous de disposer d’un endroit, chez nous, où l’on pourrait avoir du temps et voir la lumière. On pouvait d’ailleurs voir un énorme cerisier dans le jardin, depuis la cabine. Notre magnéto multipiste était un 3M, pris en leasing, comme 3M le permettait et notre réverb, après les essais infructueux effectués, fût finalement la Rolls de l’époque, une EMT. Une fois les travaux finis, et comme nous avions mis un plancher en chêne, le son s’est avéré extra, comme si nous disposions d’une réverb naturelle grâce au plancher. Les gens qui venaient écouter et enregistrer étaient emballés par le son. Plus tard, lors de travaux ultérieurs, on a enlevé ce plancher en chêne mais avons vite fait machine arrière : ça ne sonnait plus aussi bien !

Laurent Voulzy au studio Casanova - Collection particulière

L’enregistrement de Rockollection…
AM et Laetitia Raiteux : Voulzy est un gars du coin puisqu’il est né à Nogent-sur-Marne et c’est ainsi que ça s’est fait, tout naturellement, parce qu’il connaissait déjà Jean-Bernard. Il est arrivé et a enregistré les basses et la batterie en une nuit, avec Charles Bennaroch et Jean-Bernard Raiteux a fait chanter les adolescents de l’école locale, dont ses nièces et ensuite, il est resté deux mois, voire plus, à peaufiner et achever le reste. Personne ne s’en est trop rendu compte mais aucun des extraits des autres morceaux de musique présents (et qui ont provoqué les menaces de procès ensuite) n’a été pris sur les morceaux originaux : on a tout rejoué, réenregistré. Je me rappelle qu’on a dû reproduire, comme dans l’un des morceaux originaux, un son de cabine Leslie, mais on n’en disposait pas. On a bricolé un truc avec un micro qui tournait.

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Par Manuel Jacquinet

Photo de Une : Jean-Bernard Raiteux de bonne humeur et deux camarades - © Collection particulière

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Edité par Malpaso-Radio Caroline Média.

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