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« Vous ne réparerez pas Bloctel »

Publié le 22 janvier 2020 à 16:50 par Magazine En-Contact
« Vous ne réparerez pas Bloctel »

En direct de l’Assemblée Nationale où l’on semblait bien décidé, cette après-midi, à exterminer le démarchage téléphonique frauduleux. Où certains députés sont tentés par l’Opt-in obligatoire tandis que d’autres veulent s’attaquer aux robocalls.

Christophe Naegelen avant le début de la séance – © DR

Unanimité sur le constat et l’urgence

La République en Marche, les Républicains, Udi Modem, la France Insoumise, aucun groupe ne manquait ce mercredi 22 janvier à 15h, pour la présentation par le Rapporteur Christophe Naegelen du projet de loi contre le démarchage téléphonique, en deuxième lecture. « Il y a une urgence nationale tant les plaintes et le ras le bol sont unanimes », clament tous les participants. Delphine Bato indique que la dernière réunion qu’elle a organisée avec l’UFC- Que Choisir dans sa circonscription des Deux Sèvres a fait salle comble. « Jamais aucun sujet n’avait réuni autant de monde », annonce l’ancienne Ministre en évoquant que c’est l’ordre public qui est désormais compromis. « Des personnes âgées n’osent plus répondre au téléphone » et c’est donc à l’enterrement de Bloctel qu’on a l’impression d’assister. « Nos concitoyens, bien qu’inscrits sur la liste, constatent qu’ils sont encore plus harcelés et des fédérations professionnelles telles que la FFB, la Capeb nous pressent d’agir », complète Marc le Fur en soulignant que les emplois de la filière ne doivent pas être un motif de chantage ou de plan en demi-teinte.

Opt-in ou régulation par les opérateurs et l’Arcep ?

C’est sur les moyens que les spécialistes présents, unanimement motivés, se séparent. Le Groupe des Républicains, emmené par l’ardennais Pierre Cordier, et Delphine Bato plaident pour la mise en place de l’opt-in, à l’instar de ce qui est testé au Portugal : aucun consommateur ne pourrait plus être appelé s’il n’a pas donné son accord express pour être démarché, un changement complet de paradigme.
La République en Marche a préparé son dossier et des chiffres. « 70% des appels qui sont frauduleux et créent ces nuisances que nous voulons éradiquer sont générés par des robocalls ou des pingcall ; c’est contre cette machine technologique qu’il faut se battre et l’opt in n’y changera rien ». En haut de l’estrade, le rapporteur Naegelen démontre qu’il a travaillé son dossier : il plaide lui aussi pour un encadrement renforcé par les opérateurs téléphoniques et rappelle que, depuis le nouveau plan de numérotation, l’opérateur Orange bloque chaque jour plus d’un million d’appels qui transitent par ses tuyaux. Un signe que c’est certainement une combinaison de moyens et de mesures qui permettra d’endiguer le Fléau : 3000 contrôles ont été effectués par la DGCCRF l’an passé, sur le respect de Bloctel et 1000 fraudes ont été constatées ; 66 sanctions émises.

L’infographie qui pourrait mettre tout le monde d’accord

Tout en haut, le journaliste qui assiste à ce vrai moment de démocratie se dit en son for intérieur qu’il assiste là à un vrai moment de débat où chacun se respecte et argumente, c’est déjà ça. Il s’étonne aussi qu’aucun des membres de ce groupe n’ait eu l’idée ou les moyens de se demander ce qui se fait et fonctionne aux USA : là-bas aussi, la téléprospection frauduleuse irrite et est considérée comme une urgence nationale. Avec 18 ans de recul, peut-être avons-nous quelques leçons à tirer de leurs travaux.
D’autant que, pour la première fois, le nombre de plaintes a diminué l’an passé, comme le démontre le schéma joint. Pour y parvenir, l’Oncle Sam a sorti l’artillerie lourde : des amendes qui vont jusqu’à 18 millions de dollars par entreprise, la case prison pour ceux qui fabriquent des robocalls et des flashes réguliers sur toutes les chaines de TV ; histoire de faire savoir qu’on s’occupe du sujet.

On est donc descendus du balcon où la presse est admise à assister aux débats et avant de partir, on a confié à quelques-uns ce tableau, ces chiffres comme une pierre à l’édifice. Il parait que c’est interdit… ?

Par Manuel Jacquinet

 

 

 

 

 

 

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