Comment des escrocs gâchent les vacances d’internautes grugés
Extraits d’un article du Figaro, 5 septembre 2019, par Coline Vazquez et Stéphane Durand Souffland
Une voiture qui vous fonce dessus en pleine nuit, tous phares allumés, escaladant le trottoir d’une station balnéaire de Chypre : c’est ce qui est arrivé en août à un groupe d’amis qui, comme 8,5 millions de Français cet été, croyait avoir trouvé la villa idéale sur Airbnb. Si toutes les vacances ratées ne soldent pas par une tentative de meurtre, comme dans cette histoire sur laquelle nous allons revenir, les arnaques aux locations se multiplient sur internet, et les plateformes recommandes à leurs clients la plus grande vigilance.
La plus fréquente des escroqueries consiste à appâter le vacancier en déposant une annonce bidon sur un site ayant pignon sur rue, puis à déplacer par ruse les échanges sur un site parallèle.
Acte I : vous repérez une ravissante maison, à un prix très attractif
Acte II : une fois accomplies les premières démarches sur le site sécurisé, le pseudo-loueur vous demande un renseignement anodin en utilisant une adresse mail. Si, par malheur vous tombez dans le panneau, il relance des échanges via un « fake site », souvent construit à l’aide d’un logiciel accessible sur le web, Land Lordz, qui permet en quelque sorte de créer une dérivation à partir du site originel.
Acte III : quand vous comprenez que vous avez été abusé, vous vous retournez contre le site. Il vous répond qu’il ne peut rien faire pour vous puisque vous êtes délibérément sorti du cadre sécurisé. Et vous tirez un trait sur l’acompte que vous avez versé et dont la trace s’est aussitôt perdue. (…)
Autre imposture : la mise en location de biens qui n’existent pas. Pareille mésaventure est arrivée, l’été dernier, à deux Françaises qui l’on médiatisée. Elles croyaient avoir réservé pour 6 240 euros deux semaines dans une magnifique villa à Hvar, en Croatie, via Booking.com. A l’adresse indiquée, elles sont tombées le 18 août, avec 10 amis sur un terrain vague. Et elles se sont vite rendu compte en interrogeant le voisinage, qu’elles n’étaient pas les premières à se faire avoir. Selon leur récit, publié par Le Parisien, Booking.com se serait fait tirer l’oreille pour les rembourser, sous la pression des réseaux sociaux. « Nous avons également pris en charge la réservation d’un nouvel hébergement et leur avons offert une compensation financière » de 5 000 euros, réfute la plateforme, qui a supprimé l’annonce concernant la villa Felipa. (…)
Damir arrive, avec sa femme pour le « check out ». Le ton monte. Le couple repart au volant de sa voiture. Peu après, les onze jeunes voient un véhicule se diriger vers eux, pleins phares, et monter sur le trottoir – scène filmée avec un téléphone. « Il a foncé sur nous et a dégommé toutes nos valises » se remémore Clémence, l’une des vacancières. « Heureusement qu’une de nos amies a été poussée par un autre, car elle y passait », ajoute Loïk. Tous l’assurent c’est la voiture de Damir qui vient de tenter de les percuter.
Les étudiants terminent leurs vacances dans un hôtel. Airbnb leur assure qu’une enquête va être menée, que l’hôte sera bloqué et que ses annonces seront supprimées. Pourtant, il est resté sur le site jusqu’à début décembre sous le nom de Daniel. Contacté par Le Figaro, Airbnb, profondément choqué d’apprendre ce malheureux incident », répond : « En effectuant des recherches, nous avons découvert un autre compte disposant d’une annonce dont l’adresse correspondait au même logement. Airbnb a bien supprimé les deux comptes. »
La plateforme insiste sur l’existence d’une « équipe mondiale d’assistance disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour aider les voyageurs » – celle-là même que Loïk a contactée une dizaine de reprises depuis Chypre. Ses amis et lui-même ont été remboursé de leur réservation (2144 euros). Airbnb a également proposé de prendre en charge la semaine d’hôtel (2786 euros) et un éventuel accompagnement psychologique. Le groupe envisage d’engager des poursuites judiciaires contre Airbnb.