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Maison Plisson : le Bon Marché du Beaumarchais ? (au bonheur des hipsters )

Publié le 20 juillet 2017 à 07:30 par Magazine En-Contact
Maison Plisson : le Bon Marché du Beaumarchais ? (au bonheur des hipsters )

Quoi de mieux que le boulevard Beaumarchais, épicentre de la branchitude parisienne, pour plancher sur le vaste sujet de l’expérience client? Les promeneurs du week-end comme les riverains de l’artère, située au cœur du quartier historique du Haut Marais, ont vu en effet en quelques années y fleurir, une à une, des marques sans cesse plus pointues. Aujourd’hui, le nom du dramaturge est assurément l’un des mots clé « clés » à taper dans sa barre de recherche pour vivre un parcours shopping « in ». Mais l’expérience est-elle aussi réussie qu’elle est … buzzée ? La réponse à cette question essentielle, votre serviteur est allée la chercher du côté de Bonton, Merci, Leon & Harper, Sœur, quelques-uns des membres de plein droit de ce club très fermé ; pas un mois sans que Le Bonbon, the Fooding ou Time Out ne leur consacrent du reste un article ! Dernier adhérent parrainé et premier cobaye de cette nouvelle rubrique : la Maison Plisson, que nous avons choisie de « khôller ».

 

Le Bon Marché du Beaumarchais
Boudée depuis quelques années par les commerces de bouche, l’artère passante du Marais a désormais de quoi rivaliser avec la bourgeoise rue de Sèvres concurrente : sur 500 mètres carrés enchâssés au rez-de-chaussée d’une ancienne fabrique de rubans adhésifs, ce nouveau « magasin d’alimentation générale » offre une sélection léchée de quelques 1500 références de produits traçables, en circuit court et de saison. Pour les mettre en valeur, des artisans triés sur le volet (Didier Massot, Meilleur Ouvrier de France, le boulanger Benoît Castell, ou le torréfacteur Hippolyte Courty, pour ne citer qu’eux) et les chefs aguerris Bruno Doucet et Yves Camdeborde – pilotes respectifs des très bistronomiques la Régalade et Le Comptoir du Relais – pour parrainer le tout. Si l’on devine en filigrane d’évidentes inspirations outre-Atlantique (Dean & Deluca, Eataly, Whole Food market), dont la fondatrice aime d’ailleurs à se revendiquer, leur épigone parisien n’a désormais plus rien à leur envier.
Surfant également sur la vague des néo-bistrots, Delphine Plisson a habillé le lieu des codes de l’ancienne halle parisienne, jusqu’au bout de ses emballages tricolores. Rôtisserie, crèmerie, fournil côtoient les autres étals plus classiques dans un décor marine. Quant à l’équipage, jeune, volontaire et du même bleu vêtu, il s’affaire entre les (micro) comptoirs, toujours disposé à faire découvrir le concept et répondre aux questions d’une nouvelle recrue.


Quelques erreurs mises à part (une poissonnerie buissonnière, un ascenseur qui manque à l’appel et des tarifs tout de même parisiens), la Maison Plisson est plutôt bonne élève: la leçon du parcours client réussi y est studieusement récitée. Premier bon point : la livraison sera express pour Paris et sa petite couronne, gratuite pour les femmes enceintes et les personnes handicapées, et écolo, avec des « coursiers piétons » pour les commandes à moins de 2 km. Autre service ingénieusement trouvé pour faciliter le parcours d’achat : une appli permettant (bientôt) de géolocaliser son panier en temps réel et de s’informer plus avant sur l’origine, la préparation et la conservation des aliments. Gourmand mais exigeant, le citadin foody peut bien sûr venir lui même faire ses emplettes, sept jours sur sept, de 8h30 à 21h, tester, éplucher et couper les légumes achetés après avoir discuté avec les producteurs à l’occasion des ateliers-rencontres et dégustations régulièrement proposés. Pour les quelques 120 heureux attablés de la « Salle à manger » mitoyenne (c’est le petit nom qu’aime à donner Delphine Plisson pour qualifier l’ambiance « comme à la maison »), à noter également que les plats de la carte sont conçus à partir des surplus de l’épicerie pour éviter le gaspillage.
Bref, au regard du nombre de hipsters défricheurs de nouveaux spots que compte la capitale, la Maison Plisson devrait faire des heureux… Pour le plus grand bonheur des dames et de leurs barbus damoiseaux !

La note : le bobo bien rôdé ira poliment y faire un tour, sans toutefois y placer de trop hautes espérances. Rien de révolutionnaire en effet, mais une honorable réplique des food courts new-yorkais, minutieusement décorée dans un esprit « minimal chic » et saupoudrée avec juste ce qu’il faut de petits détails bien pensés (des pralines pour patienter à la caisse aux notifications personnalisées de l’application). Le visiteur néophyte y verra incarnées les nouvelles règles qu’imposent aux enseignes alimentaires chics des shoppers de plus en plus exigeants : le Parisien débordé n’a pas le temps de choisir, pas l’occasion de comparer, pas l’envie de vérifier, il veut du tout-en-un, du sur-mesure, et du 100% garanti « authentique ». Comprenez : des produits de qualité et triés sur le volet, des vendeurs fiables, enthousiastes et à l’écoute, dans une ambiance terroir local to see-and-to-be-seen.
En poursuivant sur le Boulevard Beaumarchais …

50 nuances de Green
Exit les pique-niques aux Buttes Chaumont. Out les brunchs sur le canal saint-Martin. En 2015, il faut savoir cultiver son jardin ! Pour donner consistance à votre potager urbain et s’initier à la French Detox, empressez-vous d’aller également vous approvisionner en sac à plante géotextiles et autres-bretelles-de-balcon-avec-cagette-intégrée chez Merci et son « urban market » éphémère. Benjamine de la descendance Bernard et Marie-France Cohen – ceux-là mêmes qui règnent sur Bonpoint (la « maison de couture pour enfants » de la rive gauche) et sur Bonton, son plus rebelle cadet, Merci regorge d’accessoires aussi futiles qu’utiles pour tout bohème qui se respecte : linge de lit en lin, valise liberty, travel books recycables, et autres gadgets DIY.

Pour rester dans le Bonton
Les mamans stylées n’oublieront pas de faire un saut chez Bonton pour compléter leur collection de tote bags régressifs ; comprenez le fameux sac en coton étoilé gracieusement fourni lors de tout achat chez Bonton qu’elles s’amusent à décliner dans toutes les tailles et toutes les couleurs pour fourrer le goûter, les affaires de danse et le dernier numéro de l’Ecole des loisirs de leur mini-moi. Avec un peu de chance, vous y croiserez David (Beckham), Lou (Doillon) ou Clémence (Poésy).

Joséphine Jacquinet

Antisèche :

Maison Plisson, 93 boulevard Beaumarchais, 75003 Paris
www.lamaisonplisson.com
Fondée par Delphine Plisson en septembre 2013, ouverte depuis le 7 mai 2015.

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Joséphine Jacquinet

L'auteure

Ex-khâgneuse reconvertie dans le digital, JJ (Joséphine Jacquinet) a conservé de ses années studieuses de classe préparatoire une mauvaise habitude : celle de tout mettre en fiches, de “stabilobosser”, d’apprendre jusqu’aux petites lignes du livre de référence. Heureusement, elle a aussi gardé (le feu éteint ne l’est jamais vraiment) le goût du shopping, de la veille mondiale sur les nouvelles tendances vestimentaires, alimentaires ou culturelles, et des balades dans les villes européennes, où l’histoire se fait et s’écrit. On peut aimer lire Elle et la NRF (Nouvelle Revue Française) !
Aussi, quand l’éditeur s’est confronté à une interrogation essentielle (à qui confier l’énorme responsabilité de rédiger six fois par an, le décryptage, sous forme de chronique, des dernières et meilleures expériences shopping, cinématographiques, ou culturelles), un nom s’est imposé : Joséphine.

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