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Allocovid, le 1er Callbot sur le Covid-19 ne prend pas encore rendez-vous à l’hôpital. Bientôt ?

Publié le 27 avril 2020 à 04:40 par Magazine En-Contact
Allocovid, le 1er Callbot sur le Covid-19 ne prend pas encore rendez-vous à l’hôpital. Bientôt ?

On a testé ce matin, pas tout à fait en avant-première mais presque, le premier voicebot pour savoir si l’on est susceptible d’être atteint du Covid-19. Il est fluide mais ne prend pas encore rendez-vous à l’hôpital ou au laboratoire pour un test. Facilement accessible par téléphone, il a un mérite évident : informer ceux qui ne disposent pas d’un accès à internet ou ne sont pas en mesure de renseigner un questionnaire en ligne.

Un consortium composé d’Allo-Media, e-voyageurs SNCF et de l‘Inserm lance, ce matin  27 avril, le premier assistant virtuel vocal destiné à répondre aux personnes de plus de 15 ans qui désirent vérifier si leur profil ou état de santé nécessite une attention particulière.  On l’a testé, il fonctionne de façon fluide et s’est achevé, dans mon cas, par une conclusion rassurante : Vous n’êtes probablement pas atteint par le COVID 19. 

Ce qu’il faut savoir du projet :

• le numéro qu’il faut appeler pour répondre à ce questionnaire interactif est le 0806 800 540; il est différent du numéro vert en place depuis plus de deux mois désormais ( 0800 130 000)  et dont les appels sont gérés par les prestataires Sitel à Romainville et Teleperformance. Il a été fourni par Orange, l’un des partenaires du projet.

• il s’agit bien d’un callbot ou voicebot: les réponses que vous apportez au questionnaire administré par téléphone et qui dure environ 3 minutes, sont analysées et comprises grâce à la reconnaissance vocale, un chantier technique complexe qui fait toute la difficulté dans la mise en place des  callbots, puisque le sens de vos réponses doit être bien compris.

• plus de 1000 communications simultanées sont gérables par Allocovid. Les moyens techniques ont été fournis par différents prestataires et une montée en charge est possible.

• AlloCovid a pour objectifs essentiels d’informer et d’orienter la ou les  populations : certaines tels les diabétiques, les personnes atteintes d’une maladie rénale etc sont particulièrement à risques et doivent être suivies de façon particulière et sans délai. L’assistant virtuel ne va pas jusqu’à prendre rendez-vous pour vous puisque l’issue de la conversation est de vous informer et alerter sur “la susceptiblité d’être atteint” par le Covid 19, indique Romain Sambarino, fondateur d’Allo-Media (voir photo de Une).

• s’agit-il, comme l’indique au journal Le Monde le professeur Xavier Jouven (et qui dirige à l’Inserm l’unité Inserm Epidémiologie)  de la première expérience de la mise au service de la santé publique de l’intelligence artificielle  ? Pas vraiment et même pas du tout, sans vouloir fâcher l’éminent professeur. Voir l’article ci-dessous qui relate les travaux menés par Emmanuel Bacry, (X et CNRS) pour le compte de la CNAM, il y a plus de quatre ans déjà.

• la mise en place du projet est pilotée par un consortium qui s’appuie sur différents partenaires techniques et sponsors, listés et mis en avant sur le site web officiel du consortium. Il apparait comme un projet éminemment politique, selon différentes sources qui désirent rester anonymes. La communication autour du Covid 19 et les projets d’information et de la sensibilisation du grand public sur cette pandémie émanent de tous les côtés en ce moment, indique l’une d’elles. On dirait que chacun désire prendre la lumière sur cette épidémie, afin de profiter de l’exposition qu’elle procure ou peut-être pour ne pas être oublié dans les budgets et investissements qui surviendront après la crise. 

• la technicité du projet est-elle particulièrement élevée ? Pas réellement : de nombreuses sociétés disposent en France d’équipes en capacité de créer des voicebots: des sociétés telles qu’Allo-Media, CallDesk, Ilibot by Viavoo ou encore Zaion, ont toutes déjà dans leurs tiroirs des callbot déjà développés ou en cours de tests et fonctionnant sur des briques utilisant l’IA ou le deep learning. Mais la mise en place de toutes les briques pour garantir la confidentialité, la gestion de la volumétrie, le renvoi éventuel  ensuite vers un service de gestion des urgences tel le SAMU, constituent la complexité du projet. Dans le cas d’Allocovid, la prise de rendez-vous ou le transfert par exemple vers le 15 n’est pas assuré, pour l’instant. Le SAMU 78 a néanmoins testé le dispositif et son efficacité, depuis quelques semaines.

• Allo-Media et de nombreux partenaires d’Allocovid ont fourni leur aide et les équipes techniques à titre gracieux. L’AP-HP déjà et elle aussi, a bénéficié du soutien technique de Webhelp pour le suivi des patients en Ile de France dans le cadre d’un mécénat de compétences. Comment et quand ces belles initiatives rapporteront-elles à ceux qui les ont mises en place ? C’est une question intéressante quand on connait la rareté des expertises techniques des équipes qui sont déléguées sur ces projets et la taille des projets gérés.

Pour aller plus loin :  le numéro 115 du magazine détaillera les exemples récents de callbots ambitieux et fonctionnels mis en place à la Matmut ou chez Cardif (BNP) par les équipes de Zaion (sortie le 12 mai). 
Ci-dessous l’interview d’Emmanuel Bacry, un des chercheurs en pointe sur ces questions.

Voir la vidéo de Sitel à Romainville.

Par Manuel Jacquinet
et la rédaction d’En-Contact

 

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