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Les studios d’enregistrement de légende, en France. Nos Abbey Road à nous.

Publié le 09 octobre 2020 à 04:50 par Magazine En-Contact
Les studios d’enregistrement de légende, en France. Nos Abbey Road à nous.

Que sont devenus nos Abbey Road français ? Pourquoi a t’on laissé démolir Davout, qui se souvient de Super Bear ou du studio Johanna, à Bagnolet ?

Super Bear, Studio CBE, Davout, le Château d’Hérouville, Studios Pathé Marconi, la France a vu naitre, se développer et souvent disparaitre, parfois dans les flammes, des studios d’enregistrement uniques, légendaires. C’est à l’ombre de ceux-ci et avec l’assistance de consoles SSL, ou bricolées, et d’ingénieurs du son passionnés que de très nombreux albums rock ou jazz intemporels y ont été polis, mixés : The Wall, Goodbye Yellow Brick Road, La Mort d’Orion et tant d’autres albums de Jacques Higelin, Charles Aznavour, Jacky Terrasson furent enregistrés à Paris, près de Nice ou… d’Annecy ( à Cruseilles). David Gilmour séjournera à Berre-les-Alpes pour son 1er album solo, Kate Bush ou Elton John (qui y mettra en boites Little Jeannie avec Steve Lukather à la guitare)…
« Steve Lukather avait à l’époque 19 ans seulement, je crois », raconte Patrick Jauneaud, l’ingénieur du son qui était à la console alors et a vu défiler les plus grands songwriters et musiciens de l’époque. Le matériel avait été apporté par des fabricants ou ingénieurs du son anglais, réputés à l’époque plus fiables ou exigeants que leurs homologues français. « Pendant 3 ans, la villa n’a pas désempli », raconte celui qui exerce depuis dans son propre studio, dans les Cévennes.
« Il y avait une piscine, les plus grands musiciens anglais, Alan Parsons ou les membres de Pink Floyd qui y firent les prises de son pour The Wall, réalisé sur place à 80%. Toutes les histoires de ces enregistrements ne méritent pas ou ne doivent pas être dévoilées ou écrites mais ce qui est sûr, c’est la quantité de travail consenti et de passion que j’ai vue à l’œuvre alors. »

La magie de ces studios ? Elle a tenu souvent à leurs consoles, aux rencontres qu’on y faisait, à l’âme de ceux qui les fondèrent : « La Mort d’Orion a été enregistré en 1968 au studio CBE, avec Bernard Estardy ; un endroit légendaire s’il en fût et où j’avais fait Animal on est mal », raconte Gérard Manset*. Il y avait là-bas un 8 pistes bricolé par l’ingénieur du son allemand qui fabriquait le matériel de Bernard, pas toujours dans les normes. » Aucun n’a oublié :
« On l’attendait pour un enregistrement de de plusieurs semaines. Phil Collins est entré dans le hall de l’hôtel et sans un mot, il est allé s’assoir au piano de la réception et a commencé à jouer. C’est inoubliable », témoigne Nicolas Odin*, propriétaire du Château des Avenières, à Cruseilles (Haute-Savoie) où fût enregistré Dance into the Light de Phil Collins.
Tous ne furent pas en effet des studios classiques, permanents : il s’est agi parfois de châteaux, de simples villas, confortables ou ensoleillées ; situées aussi, il ne faut pas l’oublier, dans un pays qui constituait une forme d’exil fiscal pour certains, au regard du Royaume-Uni. Mais de nombreux lieux marquèrent à tel point leurs hôtes que certains baptisèrent un de leurs vinyles mythiques en leur mémoire, comme un clin d’œil à Hérouville, par exemple (Honky Chateau d’Elton John). Sur la côte d’Azur, tout le monde a en mémoire la Villa Nellcôte où fut enregistré Exile on main Street, des Rolling Stones, alors que Super Bear fut une sorte de météorite dans les années 80 (studio créé par Damon Metrebian )

 

Que trouve-t-on désormais, que reste-t-il dans ces endroits ? Les descendants des fondateurs des studios, parfois des grandes surfaces (Franprix en lieu et place des Studios Marconi) ; mais également des souvenirs en pagaille ou l’âme des musiciens qui y travaillèrent : Patrice Marzin, (guitare solo avec Mike Lester sur Matrice de Gérard Manset), Patrick Jauneaud (21 Before 33, d’Elton John), Florence Veniant (Stephan Eicher) et d’autres qui nous ont gentiment ouvert leurs cahiers et leurs boîtes à souvenirs.

L’auteur du livre (Manuel Jacquinet) est parti sur la route de ces Abbey Road français, à la recherche de ceux qui peuvent encore en raconter l’histoire. Des quelques rares photos prises dans l’intimité de ces studios. Il en existait plus de 80 sur la seule ville de Paris en 1985 !
Les studios d’enregistrement de légende en France, nos Abbey Road français, sortie le 26 octobre 2020, édité par Malpaso Editions.

Ils sont évoqués dans le livre (liste non exhaustive) :
Condorcet à Toulouse, CBE,  le Studio du Manoir, la Fabrique, Super Bear, le Château d’Hérouville, Guillaume Tell, Studio Ferber, Studio Davout, Studio Gang, le Studio Milan, les studios Pathé Marconi, Recall Studio, Vega…mais également Harry Son ou quelques home studios. Où furent installés et manipulés les premiers synthétiseurs par Georges Rodi, François de Roubaix et d’autres.

Par Manuel Jacquinet

*sources : Les Inrockuptibles, Plumevoyage.fr

 

Studios de légende, secrets et histoires de nos Abbey Road français

Beau livre enrichi avec des photos exclusives. 352 Pages. Poids : 1,3kg !
Edité par Malpaso-Radio Caroline Média.
39 euros, prix de souscription jusqu’à fin novembre : 29 euros.

 

 

 

Photo de une : le studio Super Bear – © DR

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