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Polémique : la France soutient financièrement les délocalisations au Maroc

Publié le 20 décembre 2012 à 16:36 par Magazine En-Contact
Polémique : la France soutient financièrement les délocalisations au Maroc

Par Christophe Guillemin – Publié le 18 décembre 2012 sur l’Usine Nouvelle

Jean-Marc Ayrault souhaite développer la « co-localisation industrielle » avec le Maroc et annonce un prêt de 100 millions d’euros pour soutenir des activités d’offshore locales. Une décision « folle » et « invraisemblable » pour le Munci, principale association d’informaticiens français.

« Incroyable… Mais vrai : la France prête 100 millions d’euros au Maroc pour soutenir les délocalisations de services. C’est la nouvelle la plus INVRAISEMBLABLE que nous ayons eu à commenter en (presque) 10 ans d’existence !!! « ,s’insurge le Munci, l’association professionnelle des informaticiens français.

Elle garde en travers de la gorge les déclarations de Jean-Marc Ayrault lors de son déplacement au Maroc, les 12 et 13 décembres derniers. « Notre objectif est bien sûr d’éviter les délocalisations portant sur l’ensemble d’un processus industriel. En revanche, une co-localisation industrielle, si elle résulte d’une analyse fine de la valeur ajoutée sur toute la chaîne de production et des avantages compétitifs de chaque site, peut être bénéfique et soutenir l’activité des deux côtés », a indiqué le Premier ministre.

Et comme exemple de cette « co-localisation industrielle », Jean-Marc Ayrault a annoncé un prêt de 100 millions d’euros octroyé par l’Agence Française de Développement (AFD) au secteur marocain de l’offshore. Il s’agit en fait du principal volet d’une convention de prêt signée le 12 décembre entre l’AFD et la MEDZ, filiale de la Caisse des dépôts et de gestion marocaine.

Cet accord prévoit non seulement 50 millions d’euros, destiné au financement des différents projets de plateformes industrielles de MEDZ, mais effectivement : « 100 millions d’euros, destinés au refinancement des activités Offshoring développées par la société Casanearshore, filiale à 100% de MEDZ », précisent clairement les deux signataires dans un communiqué commun. Casanearshore gère un parc d’activité dédié à l’offshore situé à Casablanca qui se veut le : « Fleuron des projets Offshoring du Maroc ».

UNE DÉCISION « FOLLE ET INCOMPRÉHENSIBLE »

« Il ne fait aucun doute que nous avons atteint un nouveau sommet dans le cynisme politico-économique avec cette décision du Gouvernement Ayrault que nous jugeons totalement folle et incompréhensible », poursuit le Munci.

Pour l’association : « Tous les emplois offshore, qu’il s’agisse de délocalisations ou de relocalisations de postes, ne sont rien d’autre que des emplois (qualifiés) perdus pour les « pays riches » en raison de logiques purement compétitives de réduction des coûts. Par conséquent, le concept élégant de « co-localisation » ne peut, en aucun cas, s’appliquer aux services informatiques et plus généralement à l’offshoring. »

Contactés par L’Usine Nouvelle, les services du Premier ministre n’ont pas souhaité réagir, dans l’immédiat, aux critiques du Munci.

LE GOUVERNEMENT FAIT LE GRAND ÉCART

Mais pour Manuel Jacquinet, spécialiste des questions de délocalisation dans la relation client : « Le gouvernement fait le grand écart entre cette annonce de Jean-Marc Ayrault et les récentes déclarations d’Arnaud Montebourg voulant rapatrier en France les emplois délocalisés dans les centres d’appels. Et ce grand écart au sein du gouvernement est insupportable pour la filière. »

Pour cet ancien chargé de mission de Jean-Louis Borloo, aujourd’hui rédacteur en chef de la revue spécialisée En-Contact « Il faut effectivement développer la collaboration avec le Maroc. Mais je suis tout à fait stupéfait que le gouvernement favorise l’offshoring, alors que beaucoup d’entreprises françaises aimeraient profiter de ce type d’aide financière. »

Il rappelle avoir proposé en juillet dernier un ensemble de mesures pour créer plus d’une dizaine de milliers d’emplois en France dans la relation client. Six mois après, ses propositions sont restées lettre morte, déplore-t-il.

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