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La meute digitale se déchaîne sur Lou Yetu, le « Sézane* » des bijoux faits en circuit court, en France ?

Publié le 25 janvier 2021 à 09:28 par Magazine En-Contact
La meute digitale se déchaîne sur Lou Yetu, le « Sézane* » des bijoux faits en circuit court, en France ?

Actualisation du  3 Février: Critiquée vertement par des ex-collaborateurs, anonymes à ce stade, la fondatrice de Lou Yetu a accordé récemment  un entretien au Figaro, 1er quotidien français, si l’on met de côté Ouest France. La journaliste en charge de la rubrique Joaillerie Horlogerie du quotidien, Elodie Baerd-Cauchard, a accepté de rédiger un article dans lequel, d’emblée de jeu, la fondatrice de l’entreprise lui indique qu’elle ne parlera pas de ses pratiques de management :  Elle refuse de s’exprimer ici sur les dérives de management dénoncées … C’est quoi le sujet, alors ? Plus loin dans le début de l’article: Où sont réunis les équipes .. Au Figaro, on va donc pouvoir, sans grande inquiétude : 1. continuer de vendre des pages de pub dans le Figaro Madame: les annonceurs savent qu’ils seront bien traités, en cas de remous éventuels . 2,  continuer d’ouvrir la porte aux coursiers qui viennent déposer aux “journalistes” les sacs envoyés par les marques. 3. se rassurer : le plan social a uniquement concerné le service relecture, à ce stade.

Et moi, je suis heureux de m’être abonné à Pif Gadget. Les pois sauteurs, c’est aussi bien que les bijoux fantaisie. Nb: on attendra le rapport promis par Lou Yetu, commandité par la fondatrice, sur ce qui s’est passé en termes de management. Et que les anonymes nombreux sur #Balancetastart-up deviennent courageux. Balancer, c’est bien, assumer, c’est pas mal aussi :).

Que faut-il en penser ?

Experte en médias sociaux, en engagement des clients et clientes, devenus addicts à ses bijoux aux prix sages et vendus sur le web et dans une boutique parisienne, Camille Riou, la fondatrice de Lou Yetu passe un très mauvais quart d’heure sur le web depuis quelques jours. Initiée sur un compte Instagram @balancetastartup, une campagne alimentée de nombreux témoignages anonymes fait état d’un management décrit comme très toxique, de harcèlement au travail et de pratiques commerciales marquées par un grand décalage entre la promesse commerciale et la réalité des produits. Ceux-ci seraient loin d’être faits en France et proviendraient de grossistes asiatiques. En clair, une énième start-up dont l’arrière boutique serait bien différente, si tout ceci est avéré, de ce que la fondatrice revendique et proclame.

Après que Colombo a enquêté…ou joint la cheffe des louves

Jointe par nos soins, voici son retour sur ces mises en cause dont elle ne comprend pas le fondement : « Lou Yetu et sa fondatrice sont mis en cause depuis le 16 janvier par le compte Instagram @balancetastartup, géré de façon anonyme. Si nous entendons les critiques, et saluons les alertes lorsqu’elles sont justes, nous ne pouvons laisser circuler des choses fausses ou infondées sans y répondre. Les valeurs et les pratiques qui transparaissent dans les publications ne sont pas celles de l’entreprise. Lou Yetu aurait souhaité être invité à donner sa position, condition sine qua non d’un débat juste, plutôt que d’être soumis à un name shaming destructeur pour notre entreprise et nos équipes. Lou Yetu tient à rassurer sur plusieurs points : sur la provenance de nos bijoux et nos savoir-faire : créée sous la forme d’une auto-entreprise en 2009, notre marque a renforcé progressivement ses standards de fabrication au fil de sa croissance. Depuis 2017, nos produits sont créés et assemblés en France dans notre atelier à Paris. Nous ne travaillons avec aucun grossiste qui nous livrerait des produits finis sur catalogue et encore moins avec des fabricants étrangers de bijoux finis. Certains composants de nos bijoux – pierres, fontes, chaînes – peuvent provenir de pays étrangers mais ils sont transformés et assemblés par nos soins avec nos ateliers partenaires parisiens.

Sur les conditions de travail de nos équipes : malgré l’anonymat de ces témoignages, nous sommes attristés à leur lecture. Nous en prenons la mesure et restons ouverts au dialogue avec les personnes concernées qui souhaiteraient échanger. Nous réaffirmons notre attachement à l’épanouissement de nos équipes et à des relations de travail respectueuses de tous. à cet effet, nous réaliserons dans les semaines qui viennent un audit indépendant sur ces sujets. »

Ce que l’on sait : Les avis clients, très nombreux sur Google My Business, reflètent pourtant et à ce stade une expérience client perfectible : « du vent pas de qualité », indique Estelle Dagany, tandis que Gilles Mogé se plaint de la « non-livraison d’un bracelet et de l’impossibilité de joindre le service client ».  Mathieu Monniello mentionne « une commande en préparation depuis 9 jours, paiement débité, mais produit pas livré, je doute même de l’existence du produit commandé. »
Merline Chadwick, elle, se déclare ravie, comme d’autres clients : plus de 2329 avis clients sont mentionnés, plutôt positifs mais souvent anonymes. La joignabilité du service client, équipé notamment de Zendesk, la qualité du service client et des produits sont les items les plus critiqués, comme non conformes à la promesse faite par la marque, par les détracteurs.

Camille Riou fait l’expérience, douloureuse et comme d’autres avant elle, du bashing ou de la crise déclenchée par des commentaires anonymes, à ce stade : Laurent Valdiguié, le journaliste de Marianne, qui a un temps travaillé pour feu Ebdo, a vécu lui aussi sa mise au pilori, déclenchée après que le magazine avait sorti un article sur Nicolas Hulot : « Mon compte Twitter a été submergé de commentaires désobligeants et qui s’en prenaient parfois à mes proches. J’ai désactivé les comptes les plus agressifs mais je me suis rendu compte à l’époque que sur les médias sociaux, il est très difficile d’aller contre la pensée dominante du moment. Le mieux est encore de ne pas réagir. Sur la question de l’inceste, par exemple, c’est bien ce qu’on voit depuis l’affaire Duhamel ». Lou Yetu, un dossier à suivre, quand le rapport évoqué par sa fondatrice sera édité. C’est en attendant une agence de communication de crise, au sein de laquelle travaille un ancien conseiller d’un Ministère qui a été sollicitée pour endiguer la crise. Parallèlement la boutique de la rue Volney à Paris est fermée, sans rapport avec cette crise.

*de par son succès et positionnement, l’entreprise a souvent été qualifiée ainsi et comparée à la marque phare de vêtements, souliers etc.

Par Manuel Jacquinet

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