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Le téléconseiller du mois

Publié le 28 octobre 2011 à 09:38 par Magazine En-Contact
Le téléconseiller du mois

Kader Belkacem, alias Booder est notre téleconseiller du mois et ce pour deux bonnes raisons : grâce à son talent, sa débrouillardise, Kader sauve, avec l’aide de sa bande de télévendeurs sa petite entreprise Auvergne Téléservices de la déconfiture. C’est au cinéma, et ça sort en dvd, dans tous les bons magasins à compter du 6 Décembre : Opération 118 318, sévices clients. A vos dvd ! revente interdite de dvd copiés à Marrakech ou à Barbès !

Et pour les très impatients, le comédien Booder est également à l’affiche de Beur sur la ville, ces jours-ci, toujours au cinéma.

Pour découvrir un peu plus Booder, vous pouvez lire les articles qui suivent .


Booder //

Jean-Kader (alias « Jean-François », alias Robert Herbin)

Dans le rôle de Kader, le télévendeur talentueux, alias Jean Kader, alias Robert Herbin, Booder, comique déjà remarqué dans Neuilly sa Mère, Booder (Mohamed Benyamna,  son vrai nom) rencontre le succès dès son premier one man show en remplissant le Théâtre du Gymnase en 2005.
Doté d’une énergie communicative, d’un don de la répartie et d’une bouille incroyable, BOODER est unique, ce qui lui vaut un grand Fans’ club.
La réalisatrice Amanda STHERS lui confie un rôle dans Je vais te manquer. En 2008, Djamel BENSALAH fait de BOODER un chef de bande dans Neuilly sa Mère et lui a confié le premier rôle de son prochain film dont le tournage démarre à la mi-octobre 2010.
En outre, il anime une émission quotidienne sur Beur FM et travaille à l’écriture de son second spectacle.
Malgré sa renommée naissante, ce passionné de football (le grand joueur de foot marocain Aziz Bouderbala a inspiré son nom de scène) est resté fidèle à son quartier du Xème arrondissement de Paris et à ses valeurs.
Dans Opération 118 318 – Sévices Clients, à l’instar de ce qu’il est dans la vie, BOODER campe le personnage d’un télévendeur débrouillard, qui n’hésite pas à affronter les certitudes de son nouveau patron, le fier énarque Mathieu POLIVENNES, et tout ça en équipe !


Tronche de vie

Par RACHID LAIRECHE

Booder. Le comédien de 33 ans au physique de BD tient son premier grand rôle dans «Beur sur la ville».

Soir d’avant-première à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Une gamine d’une dizaine d’années se lève, traverse la salle comble en courant et saute dans les bras de Booder. Gros câlin. Booder, c’est celui qui dit :«Je ne veux pas faire peur aux enfants, je veux faire rire.» Un propos à l’écho bien particulier chez celui qui porte systématiquement un feutre ou un bonnet blanc, pour masquer la forme de son crâne. Booder, c’est aussi un regard rond et globuleux, et un nez qui prend trop de place sur le visage : mi-nasique, mi-koala, Booder ressemble comme deux gouttes d’eau à Maurice Lamy, le «freak» rendu célèbre à l’écran par Delicatessen (de Jeunet et Caro) et la publicité Orangina. Résumé en forme de slogan, par son pote Karim Hachelafi : «Il a un gros nez, mais pas la grosse tête.» Booder est affecté d’une maladie génétique sur laquelle il n’épilogue pas.

La grosse tête, Booder pourrait l’avoir, car c’est bien lui, la star du dernier film de Djamel Bensalah, Beur sur la ville. Il y vole la vedette à une flopée de pointures, Sandrine Kiberlain, Gérard Jugnot, François-Xavier Demaison, Josiane Balasko. Et dans tous les cinémas, c’est vers lui que les jeunes se tournent. Dès qu’il apparaît les cris fusent, «Ho Booder ! Ouais Booder !» Paul Belmondo, également du casting : «Etre le premier rôle, c’est une putain de pression. Lui, il la gère tranquillement et il est toujours en train de déconner.»

Dans le film, Booder est un jeune banlieusard qui a tout raté, et qui se retrouve promu dans la police grâce à la discrimination positive. Beur sur la ville est le dernier opus de Djamel Bensalah qui sert depuis une dizaine d’années du potache à la sauce banlieue et titille les préjugés sur l’immigration et la religion. Le réalisateur a aussi la réputation d’être un découvreur de talents. Il est celui qui a lancé à l’écran Jamel Debouzze et Lorànt Deutsch dans le Ciel, les Oiseaux et ta mère ! Aujourd’hui, c’est au tour de Booder, qui était déjà du film carton précédent, Neuilly sa mère !

Djamel Bensalah : «Les gens dans le métier avaient beaucoup d’a priori sur lui, surtout par rapport à son physique… C’est un bonheur de travailler avec Booder, un superacteur, toujours de bonne humeur et toujours le texte en bouche contrairement à un tas de comédiens.» A tous les jeunes qui le plébiscitent Booder rappelle sans cesse que pour en arriver là, il a sué : «Plus de dix ans de travail et de galère.»

Comme souvent, rien ne le prédestinait aux planches : «Au lycée, j’avais fait une bêtise. Le proviseur m’a dit que c’était soit la porte pour trois jours, soit l’atelier théâtre. Pour moi, c’était pour les bouffons, mais, comme se faire virer de l’école ça équivaut à la guerre en Irak pour mes parents, j’ai dit OK pour le théâtre !» Booder qui était déjà réputé pour faire marrer ses camarades, se met à écrire des pièces, seul dans sa chambre : «Je pouvais être médecin, avocat, pompier, le kif total.» En parallèle, il poursuit les études, décrochera le bac, suivi d’un Deug de comptabilité. Diplôme en poche, les portes de l’emploi ne s’ouvrent pas : «On m’avait toujours dit de faire des études pour trouver du travail. Dix-sept entretiens, et pas un seul coup de fil. Rebeu, c’est déjà un obstacle, alors avec ma gueule…» Il se marre.

La scène devient un tremplin par défaut, Booder se produit dans de nombreuses petites salles parisiennes et commence une laborieuse ascension. Premier couac : l’explosion de Jamel Debouzze : «Un ovni. A chaque fois que je passais une audition toujours la même réponse : “C’est drôle, mais est-ce que tu sais parler et faire rire comme Jamel ?”» Beur, rigolo, même génération, handicap, la comparaison presque trop facile le poursuit. Booder la prend entre humour et agacement : «Je n’ai rien à voir avec Jamel, mais bon c’est toujours mieux que d’être comparé à Casimir.» Noyé par la vague Debbouze, il décide d’écrire son spectacle en s’inspirant de sa vie. Celle d’un jeune maghrébin diplômé qui ne trouve pas de travail dans cette société de «beaux gosses». Ou quand la discrimination ethnique se mêle à la discrimination physique, avec l’humour en contrepoids de la victimisation. Il se met en scène et invite tous les producteurs à son spectacle.

Présent ce soir-là, le comédien Mouss Diouf tombe sous le charme, lui offre la première partie de son spectacle et lui ouvre les portes du milieu : «Toute ma vie, je lui en serai reconnaissant. Je me souviens encore de sa phrase : “Gamin, j’ai 30 euros dans les poches, je les mise sur toi.“» Bingo. Il remplit les salles, devient chroniqueur chez Ruquier, animateur sur Beur FM, et décroche ses premiers petits rôles au cinéma.

Booder sait qu’il a encore tout à prouver pour s’imposer en tant qu’acteur. S’il a plein d’amis chez les people, un pied dans les paillettes, l’autre reste chevillé à la Grange-aux-Belles, quartier du Xe arrondissement de Paris où il a grandi, «l’endroit où je me sens le mieux, là où je me ressource quand j’ai un coup de moins bien». Et il a conscience que le rêve peut prendre fin du jour au lendemain, qu’il a intérêt à en profiter. Que Booder peut vite redevenir Mohammed Benyamna. «Comme Jamel, j’ai peur qu’un jour on sonne chez moi et qu’on me dise : “Rends tout, on s’est trompé de personne.”»

Booder barricade férocement sa vie privée : «Je me protège, et je protège mes proches, je ne voudrais pas que ma notoriété modifie le regard que ma famille porte sur moi.» Tout juste ce fan de foot raconte-t-il que son surnom lui vient du joueur petit format et d’origine marocaine comme lui, Aziz Bouderbala. A 33 ans, Booder vit chez ses parents mais ne dira rien de son père plombier, ou de sa mère restée au foyer pour s’occuper de leurs quatre garçons. On a pu le constater, il drague facilement, dans le registre taquin. Mais le comique referme sec le sourire quand on l’interroge sur ses amours.Ce musulman, «pieux», affirme-t-il, est bien plus à l’aise lorsqu’on met sur le tapis la religion ou la politique. «Un bon musulman est celui qui respecte son voisin, mais de toute façon, je respecte n’importe quel croyant, qu’il soit juif, chrétien, hindou… Islam veut dire paix.» Et il se tient au jus de l’actu. «J’ai voté Hollande à la primaire, même s’il porte le nom d’un autre pays», se marre-t-il.

A la fin de la projection, Booder fait le show. S’offre avec ses compères Issa Doumbia et Steve Tran, un bain de foule, serre la main à tout le monde, sourit aux flashs, et blague à tout va : dans son élément. Quand on lui parle d’avenir, ses yeux brillent et il répond sans hésiter en forme d’appel : «Pfff, j’aimerai tellement tourner sous les ordres de Francis Veber, jouer le rôle de François Pignon. Etre le mec normal qui fait rire, comme Pierre Richard.» On comprend : endosser le rôle qu’il voudrait tenir dans la vraie vie.

photo Jérôme Bonnet

En 5 dates

13 août 1978 Naissance à Bouarfa (Maroc). 1998 Premiers pas à l’atelier théâtre du lycée Armand- Carrel (Paris, XIXe). 2004 Mouss Diouf le repère, et lance son premier spectacle, The One-Man-Show. 2009 Neuilly sa mère ! (Djamel Bensalah). 12 octobre 2011 Beur sur la ville (Djamel Bensalah).


 

Opération 118318 – Sévices Clients en DVD ou Blu-Ray disponible en pré-commande (livraison prévue à partir du 6 décembre 2011) :

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