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Fausses factures, propositions de reprise insuffisantes, menaces de grève… dernières révélations dans l’affaire Call Expert

Publié le 06 février 2014 à 10:19 par Magazine En-Contact
Fausses factures, propositions de reprise insuffisantes, menaces de grève… dernières révélations dans l’affaire Call Expert

Le 6 février 2014

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L’un des centres d’appels de Call Expert

Tandis que la presse annonçait, voici quelques semaines, plusieurs offres de reprise pour le groupe Call Expert, la réalité des propositions, leur nature et l’identité des groupes qui les ont émises ne semblent pas du tout du goût des salariés du spécialiste de la télévente, qui envisagent un mouvement de débrayage dans les tous prochains jours, selon nos sources exclusives.

H2A, la société dirigée par Anne Bendler, aurait fait une offre… mais avec la reprise d’une centaine de salariés seulement.
Un mystérieux groupe du Moyen-Orient aurait également « candidaté ». Aucun des ténors du marché français n’a souhaité s’engager et émettre une proposition tangible.
En résumé, aucune offre à ce jour substantielle avec un engagement à reprendre un nombre significatif de salariés.
Les quelques éléments qui suivent, recueillis depuis plusieurs semaines et qu’aucun des protagonistes du dossier n’a voulu confirmer, et les questions suivantes, donnent un éclairage un peu plus fouillé sur ce qui risque fort de devenir l’affaire Mory Ducros de notre industrie.

La proposition de H2A n’est que la suite d’une histoire entamée depuis quelques années puisque le groupe de Saint-Ouen a été en négociations avancées dans les deux dernières années pour se faire acheter par Call Expert, alors engagé dans une petite boulimie de rachats pour atteindre une taille critique encore plus significative.
L’Adit, agence de renseignement économique, a d’ailleurs été depuis la mise en redressement judiciaire de Call Expert missionnée par H2A pour obtenir des renseignements sur sa « cible »potentielle… et a trouvé tout naturel de solliciter et interroger notre rédaction pour obtenir des renseignements…
On a un peu rigolé après l’appel et le mail de cette agence de renseignements stratégiques, filiale et propriété du groupe de Walter Butler, grand spécialiste du retournement d’entreprises… missionnée par une chef d’entreprise réticente à faire un chèque de 120 euros pour s’abonner à notre magazine – ce qui est son droit le plus absolu.

Comment et pourquoi un groupe dont le chiffre d’affaires avoisine les 20 millions d’euros peut il parvenir à accumuler un passif de 18 millions d’euros sans que la sonnette d’alarme soit tirée, sans que les autorités de l’Etat ne cessent d’accorder des aides et subventions à l’emploi, à l’installation, sous des formes diverses et variées (loyers, financement de bureaux etc.) ?

Pourquoi certains donneurs d’ordres, clients de Call Expert – Canal +, Rue du commerce, SFR, Odigeo… – ne se sont-ils pas étonnés de bénéficier de prix de vente anormalement bas – 16 à 18 euros de l’heure contre 24 à 32 pour un service assuré depuis la France en général – que leurs directeurs des achats auraient pu remettre en cause ?
Plus grave, selon nos sources, le e-marchand Rue du commerce aurait même été informé dès 2013, et constaté que son prestataire émettait des fausses factures, correspondant à des prestations facturées mais non réalisées… Et n’a pour autant pas interrompu sa collaboration avec son fournisseur.

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Leçons de l’histoire : si on est pessimiste ou cynique, acheter du service client et de la télévente à des prix inférieurs aux prix du marché, tourner les yeux pour ne pas voir qu’on reçoit des fausses factures alors qu’on est la filiale d’un groupe côté en bourse – Alatarea Cogedim… c’est comme les lasagnes au bœuf à 3 euros : pas vu, pas pris. Mais c’est aussi, un an jour pour jour après la révélation de ce scandale concernant les produits de grande consommation, la traduction très concrète de l’inutilité du Label de Responsabilité Sociale, des chartes d’éthique, des engagements citoyens…
Si on croit en revanche au progrès dans l’histoire, on se réjouit de voir qu’un jour ou l’autre, les fraudeurs sont pris le doigt dans le pot de confiture à cause d’un abruti qui n’a pas réussi à tout conserver sous le tapis : et patatras, c’est le passage au journal de 20 heures.
Si on est extrémiste : quand un trader hollandais vend du cheval roumain, l’expédie depuis Chypre, qui se transforme à son arrivée en France en bœuf… c’est la faute à l’euro, fermons les frontières !

Manuel Jacquinet

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