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Ce que Gérard Manset nous apprend de l’expérience client, à sa façon !

Publié le 16 novembre 2016 à 15:36 par Magazine En-Contact
Ce que Gérard Manset nous apprend de l’expérience client, à sa façon !

Dans 2 jours sortira Mansetlandia, l’intégrale (ou presque) des albums de Gérard Manset. Pourquoi votre serviteur, dont la profession à priori respectable devrait se réduire à celle d’éditeur et de « spécialiste de l’expérience client », pense-t-il qu’il faut, toute affaire cessante, poser sa journée du 18 novembre pour aller s’emparer de ce coffret ?

 

mansetParce que précisément, l’artiste nous donne depuis plus de 40 ans une leçon de sincérité, de cohérence, de soin du détail, de fluidité, d’intégrité, tous ces “leviers” que les grands cabinets de conseil et de stratégie déclarent essentiels pour construire l’expérience client. Le problème, c’est que tout ça ne s’achète pas, ne s’invente pas, et demande souvent du temps, qu’on n’a pas ou qu’on n’a plus. A priori, Gérard Manset n’a jamais travaillé ni collaboré avec un cabinet de conseil sur ces sujets, mais il a une clientèle désormais fidèle. Pourquoi, comment ? Que l’on considère les pochettes de ses disques, qui révèlent une véritable cohérence, le souci apporté aux sessions d’enregistrement (parfois au studio Davout), son refus de céder aux modes, l’artiste donne un bon exemple de ce que la fidélité à une vision peut rapporter sur le long terme, et permettre de gagner en audience. Et pourtant, il aurait dû “être condamné” par son quasi autisme, son silence et sa discrétion dans une époque bruyante, la tristesse et la mélancolie de son oeuvre – qu’il s’est refusé à transformer en comptines plus gaies et donc plus commerciales. C’est un trajet unique que nous donne à voir et à entendre Gérard Manset. Il est même capable de changer d’avis, car de temps à autre, il faut songer à donner des nouvelles, à faire des disques et à les vendre.

 

On comprend mieux le personnage et ce projet en lisant ce qu’il déclarait aux Echos, il y a quelques jours :

 


Pourquoi maintenant ?

Parce que je ne peux plus faire autrement. Il n’y a plus de vinyles, plus de CD, tout est en streaming. Pendant des années, j’ai refusé que tout ce matériel soit en accès direct. Internet est une hérésie – même pas cité dans les contrats… Ca a gelé la situation pendant dix ans. Je n’ai rien vendu pour internet. Le déclic est venu avec « Opération Aphrodite », tout était dans les tuyaux. Le moment était venu de tout valider pour le télé-chargement. Il y a dans « Mansetlandia » quelques raretés, des introuvables, comme « Caesare », un extrait de « La Guerre des Gaules » en latin qui était sorti à cent exemplaires sur un 45 tours hors commerce destiné aux radios. On nous a sacrifiés au numérique. J’ai refusé le numérique jusqu’au double album « Un oiseau s’est posé », il y a deux ans. Il faut bien l’admettre, le vinyle s’est mouru ( sourire). Oui, s’est mouru … Maintenant tout le monde se prosterne devant le dieu Download. – Propos recueillis par Thierry Gandillot *


 

En résumé, Gérard Manset prouve que l’expérience client, ne consiste pas seulement a avoir des milliers d’amis, à “engager” sur twitter ou facebook à tout bout de champ. Au contraire, il faut parfois avoir le courage de sortir des sentiers battus, d’être soi-même, unique, quitte à n’être reconnu et célébré que très tard, voire jamais. Être à la mode ne se commande pas : il y a 10 ans, il était presque impossible de dénicher un CD de Gérard Manset, un vinyle. Remis au goût du jour, l’ermite de Saint-Cloud nous donne quelques nouvelles, et c’est tant mieux ! Aux 122 livres blancs qui sortent chaque semaine, sur la transformation digitale, la disruption, les parcours client, et patati et patata, préferez-en un seul, le coffret MansetLandia, ou mieux, cumulez les deux.

 

Le 18 novembre, donc :

 

– Différez la lecture des livres blancs ou études du BCG, de Bain & Consorts : rendez-vous plutôt chez un disquaire, sans céder à la tentation du click & collect, parlez aux vendeurs (il en reste) et découvrez n’importe quel album du Gérard évoqué qui sera disponible. En ce moment, même politiquement incorrects, les Gérard sont souvent plus indispensables que les experts.

 

– Pour ma part (As far as I am concerned, NB – il faut que je saupoudre un peu d’Anglais dans la chronique sinon ça ne fait pas sérieux), je me réjouis de pouvoir très bientôt me délecter de 185 chansons sur 19 CD, d’un livret de 120 pages avec des paroles. Qui prend encore la peine de joindre à un disque, un livret, des paroles ? Manset, il voyage vraiment en solitaire…

 

Je sais que ma femme va protester, qui me demande souvent pourquoi tant de CD s’accumulent, pourquoi j’en possède certains même en double ou triple. Mais en réalité elle a compris : elle sait que je dois pouvoir, partout où je vais, en 2 minutes chrono, réécouter tel ou tel morceau, solo, choeurs. Après tout, elle a bien le droit, elle, d’encombrer l’appartement et de hâter la mort des étagères de la bibliothèque sous le poids des dizaines de Julien Green qu’elle accumule, sous tous les types de couvertures ou de collections imaginables : Folio, Point-Seuil, Bouquins, Pléiade !
Gérard Manset, Julien Green : 1 partout, la balle au centre !

 

En résumé, même s’il s’énerve contre le digital, contre le download, Gérard a compris qu’on ne peut aller contre la vague : il fait avec, sans oublier de nous donner de ses nouvelles, toujours si singulières, émouvantes. Découvrir des titres tels que Royaume de Siam, Matrice, le Masque sur le mur, ça peut-être aussi nécessaire et complémentaire pour devenir un bon spécialiste de l’expérience client que le big-data, le RTB, le multi-canal.

Manuel Jacquinet

 

* En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/culture/musiques/0211492723793-gerard-manset-jai-toujours-fait-ce-que-jai-voulu-faire-2042843.php?8PG1ktb2kSY8BMOp.99

 


Découvrez les autres billets de Manuel Jacquinet sur l’expérience client et pourquoi, selon lui, Wish you were here (Pink Floyd) ou Bruce Springsteen sont indispensables à tous les puristes et passionnés d’expérience client sans couture :

– « Oh I wish, oh I wish you were here… » ce que les Pink Floyd nous ont appris de l’expérience client

– Le Boss, c’est Bruce !

 

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