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“On livre ! les juges n’ont pas évoqué ni contraint Amazon France Transport ” Frédéric Duval :)

Publié le 29 avril 2020 à 05:15 par Magazine En-Contact
“On livre ! les juges n’ont pas évoqué ni contraint  Amazon France Transport ” Frédéric Duval :)

Amazon France Transport sas, l’une des filiales d’Amazon en France, dirigée par le slasheur Frédéric Duval, continue de livrer les colis de l’e-marchand en France. Conseillée par de redoutables juristes et, au plan mondial, par Baker McKenzie sur les questions d’optimisation des flux de trésorerie et sur celles liées aux prix de transferts, Amazon France maintient la pression et adresse comme un clin d’oeil aux juridictions françaises. On songe, avec ces péripéties, à la réplique célèbre de l’Inspecteur Harry : Make my day. On aurait dû, peut-être, confier la responsabilité de la logistique d’approvisionnement en masques à Duval and Co ? Pour ceux qui auraient loupé une étape dans ce match qui oppose syndicats, la justice française et Amazon France, on vous la fait courte et en mode Reader’s Digest : Amazon maintient ( après deux décisions de justice, la 2 ème ayant limité la portée de la 1ère ) la fermeture de ses entrepôts en France, jusqu’au 5 mai, mais continue de livrer les commandes, depuis ses entités localisées dans d’autres pays…

Habiles, les dirigeants français de l’ancien libraire en ligne ont indiqué qu’ils continueraient de régler les salaires des collaborateurs (ce à quoi ils sont obligés, le financement du chômage partiel n’étant pas possible lorsqu’il est consécutif à une décision de justice ). Poursuivre les livraisons donc, tout en utilisant la filiale française de logistique : Amazon France Transport, qui recrute sur Indeed etc, à donf ! ça ressemble, pour les footeux, au match ASSE/ Dynamo de Kiev en 1976 : 2/0 à l’aller et au retour.. Fréderic Duval a endossé la casaque de Robert Herbin, paix à l’âme de ce taiseux décédé récemment.

Cash is king.  Si, dirigeant d’une TPE ou d’un restaurant, organisateur d’un festival, vous en êtes réduit comme beaucoup à quémander une réponse à la demande de prêt PGE que vous avez faite à votre banque; si, patron d’une ETI ou d’un Conforama, vous cherchez, dans le bottin le numéro de téléphone du CIRI ( le comité interministériel de restructuration industrielle, l’entité qui gère les grosses demandes de prêt  PGE ? et d’aides à Bercy ), visionnez et méditez  la saveur de cette nouvelle série, produite et diffusée en direct live. Co-écrite, mais sans scénaristes par Amazon et interprétée par quelques juges français auxquels il ne sera même pas utile de payer un cachet. Cash is king. Même plus besoin de respecter la chronologie des médias : l’épisode est tourné chaque semaine ou presque, sans prod exécutive, tourné sans Red one ni show runner. Du direct, des rebondissements, des retournements de situation permanents. C’est pas cher à tourner, le Van Kim et Eric Rochant, peuvent aller se rhabiller. Molotov se contentera de rediffuser quelques épisodes, après qu’on aura négocié. Ils sont à la ramasse en tréso, prendront ce qu’on leur donne. (extraits des notes de tournage )

Le synopsis ? d’une simplicité biblique : on livre, on continue de soigner l’expérience client, histoire de les rendre addicts, on encaisse en CB. On continue bien de racketter les gonzes sur la place de marché et de leur chourer les data intéressantes et, pour le reste, on renvoie à une adresse mail :[email protected]. Focus, focus ( restez concentrés restez concentrés ).

Ah au fait, demande et préviens le service presse; vois s’ils n’ont pas un stagiaire dans l’équipe, je crois qu’on va devoir gérer un casting. Nawak, ça coûte trop cher.

Un billet d’humeur, non validé par l’AFP.  Manuel Jacquinet.

 

Slasheur: personne en capacité et habituée à mener de front différentes activités, notamment professionnelles. Renaud le Van Kim est un producteur et ex réalisateur connu, co-actionnaire de Brut. Eric Rochant est un réalisateur fameux, également et le show runner du Bureau des Légendes. Nawak est un site web d’emploi pour les gens du spectacle et du cinéma.

Pour aller un peu plus loin :

Pendant un mois, le temps d’évaluer précisément les risques occasionnés par la crise du Covid-19 sur la santé de ses salariés.

Le Tribunal Judiciaire de Nanterre a ordonné ce jour à Amazon France, dirigé par Frédéric Duval (voir plus bas) de limiter ses activités “aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, d’hygiène et médicaux, sous astreinte d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée” et ce, en attendant d’avoir établi une évaluation des risques inhérents à l’épidémie de Covid-19, pour tous ses entrepôts. La restriction imposée s’applique dans les 24 heures et pour 1 mois.
Le même tribunal a estimé que la société “a, de façon évidente, méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés”. La justice avait été saisie par le syndicat SUD, soutenue par Les Amis de la Terre. “Et si c’était le vrai premier  changement de ce monde d’après, attendu et espéré par de nombreux membres de la société civile ?”, indique un spécialiste du e-commerce qui désire rester anonyme et a longtemps ferraillé pour que soient respectées, par tous, les mêmes règles fiscales.

Frédéric Duval, le discret patron d’Amazon France

Sur sa ligne privée chez lui, le dirigeant n’apprécie pas de recevoir des appels d’inconnus ou d’être sollicité. Son numéro dans l’annuaire téléphonique apparait associé au symbole : ne pas appeler pour du démarchage. Bien qu’il soit ingénieur (diplôme des Mines de Nancy), ce cadre expérimenté notamment dans la supply-chain, maitrise également quelques principes de communication en vigueur chez les GAFA, comme le fait de répondre un peu à côté, même à une question simple. A celle qui lui a été posée fin décembre : « Combien Amazon paye-t-il d’impôts en France sur ses bénéfices ? », il a répondu en mélangeant TVA et contributions récoltées par Amazon France pour le compte de l’Etat français. Laurent Solly, directeur Europe de Facebook, habite le 16ème arrondissement et est mariée à une journaliste qui officie notamment sur France 5. Ses enfants vont à l’école de… (bip bip).

Que se passerait-il si des anonymes ou leurs clients mettaient sur la place publique les données sur la vie personnelle et privée des dirigeants en France des GAFA, comme en réplique sympathique au commerce frénétique que ceux-ci en font ?

Malgré de nombreux scandales ou révélations, les Airbnb, Facebook, Amazon, etc., continuent en effet, de s’assoir copieusement sur les règles contenues dans le RGPD et de sourire des amendes qui leur sont infligées, aux montants pourtant significatifs. Leurs assistants vocaux stockent les données issues des conversations pendant « le temps nécessaire pour améliorer le service », sic. Et lorsqu’ils sont pris la main dans le pot de confiture ou ont affaire à des consommateurs tenaces qui les poursuivent, tel ce boulanger de Bourg-Lastic par exemple, ils parviennent souvent à s’abriter derrière la localisation de leurs services en Irlande, histoire que les poursuites judiciaire soient longues et onéreuses.

Ils ont décidé de mener la vie dure aux dirigeants français des GAFA, c’est le sujet d’une enquête menée par le service investigation du magazine En-Contact et qui s’est adjoint, pour la réalisation de celle-ci, les services de deux spécialistes du hacking officiel de data, basés au Royaume-Uni. Ce sera à lire dans un prochain  Spotlight, d’En-Contact (a priori, le numéro 116 ). On peut d’ores et déjà vous indiquer que la seule prise d’une photo des bureaux d’Amazon en France, à Clichy, un jour de semaine, déclenche l’arrivée rapide des services de sécurité (photo de une © Emil Hernon).

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