Le magazine indépendant et international du BPO, du CRM et de l'expérience client.

1 Studio 1 secret : au studio Damiens, à Boulogne-Billancourt

Publié le 11 décembre 2020 à 11:52 par Magazine En-Contact
1 Studio 1 secret : au studio Damiens, à Boulogne-Billancourt

Barbara y enregistra quelques-uns de ses derniers titres, et ça c’est un sacré secret !

Pour la BO (la bande originale) de La Soupe aux Choux, Raymond Lefèvre utilise des synthétiseurs pour la 1ère fois. La BO fera un carton. Il l’enregistre en grande partie à Boulogne-Billancourt, une ville où l’on a donc vu passer les Beatles, les Stones, Téléphone (chez Emi-Pathé Marconi) et Raymond. Chez Guy Boyer. Au Studio Damiens.

1 studio : Damiens

Compositeur de musique de films célèbre, Raymond Lefèvre a également été un grand chef d’orchestre. Avant de décéder, en 2008, il racontait comment il effectua sa première composition au synthé. Qui fût un coup de maitre : 340 000 personnes ont depuis téléchargé le thème de la musique du film comme identité sonore pour leur téléphone portable !
« La composition de la BO de La Soupe aux Choux m’a permis de faire quelque chose de différent, de découvrir un univers musical bien particulier et de travailler avec des sons et des instruments à la mode. C’était une histoire de paysans et il ne fallait pas écrire une musique anodine et encore moins tomber dans la bourrée auvergnate, ce qui faisait vraiment cliché et m’aurait fait passer pour un ringard ! Il fallait une musique qui colle au film et aux personnages. Après avoir réfléchi plusieurs jours, j’ai pensé à utiliser des synthétiseurs : le côté fantastique du film et le personnage de l’extra-terrestre ont appelé d’emblée cette couleur musicale. Mais je n’avais jamais été en contact avec ces instruments révolutionnaires. La production m’avait demandé d’écrire un thème pour la bande-annonce, et je n’avais pas envie d’engager des musiciens puisque c’était moi qui finançais l’enregistrement ! (rires).
Je suis donc allé dans un studio à Boulogne-Billancourt, tenu par Guy Boyer (le studio Damiens). Je me suis alors retrouvé face à une dizaine de synthés : j’ai fait allumer le gaz, si je puis dire, et j’ai cherché des sons en appuyant sur n’importe quel bouton. J’ai fait un apprentissage musical en découvrant plusieurs sonorités et j’ai enregistré le thème principal du film, piste par piste. L’ingénieur du son s’étonnait de me voir chercher tous ces sons et croyait que je faisais une maquette. Je lui ai dit que quand j’entreprenais quelque chose, je le faisais bien et jusqu’au bout. Le lendemain, lorsque j’ai fait écouter cet enregistrement à Christian Fechner, le producteur du film, il m’a dit : « C’est superbe, Raymond, ne changez rien ! » J’ai tout de même réenregistré quelques thèmes du film en version symphonique car je trouvais que le synthétiseur tuait un peu le métier de musiciens. J’ai donc remis une couche de violons (rires). J’ai également transformé le thème principal du film en thème romantique et effectué plusieurs manipulations différentes du thème Solitude, que je joue moi-même au piano et dont je ne suis pas mécontent. Pour le thème Oxo la Terre, j’ai eu l’idée d’insérer la voix de Jacques Villeret, qui joue l’extra-terrestre, à la musique, ce qui rend le thème amusant. La bande originale de La Soupe aux Choux s’est d’ailleurs bien vendue en 45 tours et m’a permis d’intégrer au film la poésie et la tendresse qui sont, la plupart du temps, sous-jacentes dans ma musique. »
Raymond Lefèvre a également signé les BO de nombreuses autres comédies de Louis de Funès dont la série des Gendarmes.*

Barbara, Sting, Gérard Manset…

Le studio Damiens verra également passer des artistes tels que Daniel Balavoine ou Gérard Manset, qui choisira d’y enregistrer après avoir fréquenté massivement Pathé Marconi, le Studio de Milan ou CBE.
Empêtré dans une histoire conjugale délicate à dénouer, son propriétaire Guy Boyer, qui posséda également à Paris le studio Aquarium, le cédera finalement à Jean-Louis Aubert, lequel, désireux comme quantité d’artistes de posséder son propre studio, y installera le sien, dénommé la Loupe. Son manager Lambert Boudier, raconte dans le livre Studios de Légende en France que cette expérience de propriétaire de studios sera marquante et riche d’enseignements pour l’ex-Téléphone et pour Barbara.

1 secret : Barbara y enregistre quelques pistes et morceaux de son dernier album

En 1996, Barbara sort son dernier album. Elle n’a plus trop envie, d’aller en studio. Mais elle va croiser le chemin de Jean-Louis Aubert, pour chanter en duo avec lui, parce que l’association Act Up a le projet, pour lever des fonds, de faire un disque de duos. Récent propriétaire du Studio Damiens, qu’il a rebaptisé la Loupe, Jean-Louis Aubert propose à Barbara de venir enregistrer et chanter, presque comme à la maison, ce que permettent de faire les studios personnels (on ne s’y sent pas comme dans un studio réservé par la maison de disques, avec les implications de budget, de nombre de jours à ne pas dépasser).
« Je crois qu’elle a repris du plaisir à l’expérience studios, elle a également découvert ce qu’on pouvait faire à l’époque, avec les nouvelles technologies », indique Lambert Boudier, le manager de Jean-Louis Aubert, qui avait repris à l’époque le studio.
Pour diverses raisons, dont l’indisponibilité de l’ex-Téléphone, qu’elle aurait voulu voir réaliser tout l’album, ce dernier album sera finalement enregistré au Studio Méga à Suresnes.
Mais sur deux morceaux de ce dernier opus, ce sont des enregistrements faits à la Loupe, dans l’ex-studio Damiens, qui ont servi de bandes. Pour une fois également, c’est une femme ingénieur du son qui est aux manettes : Myriam Eddaira.
Les studios et leurs secrets…

Barbara aura donc enregistré au Studio Damiens, ainsi que Sting ou Gérard Manset.
Le studio a disparu. Son dernier propriétaire exploite désormais Studio Line. A Boulogne Billancourt.

Par Manuel Jacquinet

Retrouvez + de secrets de studios ici.

Vous aussi vous avez une histoire, un secret de studio à raconter ? Contactez-nous !

Studios de légende, secrets et histoires de nos Abbey Road français

Beau livre enrichi avec des photos exclusives. 352 Pages. Poids : 1,3kg !
Edité par Malpaso-Radio Caroline Média.
39 euros

 

*Source : UnderScore Magazine, Michael Ponchon.

 

 

A lire aussi

Profitez d'un accès illimité au magazine En-contact pour moins de 3 € par semaine.
Abonnez-vous maintenant
×